PRODIGE ULTIME


Faire carrière est de principe éphémère dans le rap. Rares sont les exemples qui contredisent cette règle. Plus rares encore sont ceux qui ont su se maintenir au top pendant plus de quinze ans. Sans faillir. Sans que l'empreinte du temps, les desiratas ou la lassitude n'aient raison d'eux. On peut compter Snoop Dog, Ghostface, Busta Rhymes... Et bien sûr Prodigy, moitié du duo Mobb Deep. On pense souvent et à raison, qu'au dela des albums officiels et des classiques, il ne reste plus rien à découvrir d'un artiste. Le meilleur a souvent été dit et fait par l'entremise de la discographie officielle. Pas pour Prodigy. Il est le seul rappeur vivant à avoir enregistré tant de morceaux, d'albums, sans que ceux-ci n'ait été commercialisés. Il rivalise sans mal à ce niveau avec le prolixe et légendaire Tupac Shakur... Prodigy demeure clairement un des seuls rappeurs américains en activité qui continue à frapper le mot et le beat via des pulsations cardiaques accélérées à la codéine, une terminologie unique constitué de dictionnaires de neologismes et de sueur détrempée. Le projet « Ultimate Pee" est une mise en avant parfaite des phases terminologiques brutales que seul ce rappeur sait plaquer sur beat, portrayant ses mots calés atypiquement à l’image d’un griot crachant les récits de ces villes urbaines devenues dortoirs pour zombies, où chaque minute voit s'étaler une douzaine d'homicides en moyenne, mais aussi un millier de rappeurs qui remontent à la surface. Ce disque proposé par le label Ascetic Music (Insight, Pacewon, Life Long….) en coordination avec X-Ray Records (Method Man, Layzie Bone, Sunz of Man… ) reprend des tranches musicales exclusives ainsi qu’une kyrielle d’inédits et de remixes exclusifs et autres versions alternatives ou Prodigy échange le micro avec la fine fleur du rap hardcore de New-York (50 Cent,Tragedy Khadafi, Tony Yayo, MOP…) ou encore la crème de la crème du mouvement hyphy venu de la Bay Area (le prodige d’Oakland aka Keak Da Sneak), en passant aussi bien sur des productions west-coast (notamment avec Kokane sur « I Betcha ») que sur le dirty south de Young Buck... Sans oublier les seconds couteaux les plus sousestimés de la scène rap (Illa Ghee, E-Money Bags, Twin Gambino, Un Pacino, 40 Glocc, Big Noyd…), ce projet concentre des productions estampillées Alchemist, Havoc, Jake One,Frankie Cutlass ou encore Green Lantern. Prodigy se pose en pire ennemi de Jaÿ-Z (qu’il attaque de plein fouet sur l’inédit « People Talkin »…), délivrant de purs moments de violence musicale, excellant en matière de métaphores graves, de descriptions alambiquées et brutes à la fois, en joutes de mots qui finissent souvent comme une divine associations de malfaiteurs.


Fièrement indépendant, le projet « Ultimate P » prouve clairement l’ouverture d’esprit que possède ce emcee à la phraséologie unique, sa façon de créer toujours sur la brèche, représentant par là-meme une Grosse Pomme en train de se (faire) bouffer de l'intérieur, minimalisant ses maux comme pour mieux les exploser. Prodigy propose son bordel parfaitement organisé sur plus de trentes titres parsemés d’interviews qui propulse cette sorte de « The Lost Tape » comme une suite logique au chef d’oeuvre Return Of The Mac. Bourrés de clin d'oeils de travers en direction des flics, des putes et des dealers, des rappeurs et des balances, des homicides et des meurtres incongrus, de la puanteur des métropoles et des surprises armées de la ville, mais aussi et surtout des Illuminatis qui domine(rai)ent notre monde, les morceaux du prodige de NYC sont en phase avec notre époque. « Ultimate P » se pose en melting-pot bouillant et dérangé, futuriste mais aussi boisé d'hommages, produit pur et aubaine totale pour ceux qui pensaient que Mobb Deep allait se fracasser le crâne contre des pièces de 50 centimes. Le pognon ne cesse de rentrer dans son crâne fêlé, mais Prodigy est un homme qui a choisi de refaire un (dé)tour dans "l'underground" des requins vicieux mais heureux. Continuant son parcours sans faute, renouant avec une certaine classe outrancière, celle que Nas a connu lorsqu'il a écrit New York state of mind ou encore celle de Ghostface Killah période Supreme Clientele, ce lyriciste de choc elevé par les loups de Queensbridge a introduit, analysé puis canalysé le mot, pour ensuite mettre en exergue le véritable dérapage sémantique de QBC, patrie de ses partenaires légendaires (LL Cool J, Run Dmc, Nas, Kool G Rap, 50 Cent…) avec qui il a discuté, échangé, travaillé, emprunté, tel un phoenix dont les plumes de feux se coloreraient des humeurs les plus sagaces des meilleurs encres amies.


Adaptant un slang urbain qui ne cesse de s’enrichir d’année en année et malgré la signature récente de son groupe Mobb Deep chez une major dirigé par l’unité G-Unit, Prodigy enregistre et écrit sans cesse, s'esquivant très souvent en mode solo pour sortir disques et classiques du côté des indépendants (« Return Of The Mac », « HNIC2 »…). Prodigy represente un des ponts du rap, celu qui l'équilibre en quelque sorte, mais qui n'est pas lui-même équilibré ; ce qui lui donne cette saveur si atypique, ce parcours si tendu et élevé. Toujours en lente mais forte progression, son ascension est unique et atypique dans l'histoire du rap. Au bord de la brèche, largué par des labels qui ont pourtant des classiques dans leurs catalogues ( Infamous, Hell on earth, Murda muzik...), Prodigy n'arrête jamais de serpenter et d'écrire, malgré ses nombreux problèmes de santé. Ancien étudiant de la fameuse école Graphic Arts de Manhattan (où il a rencontré Havoc), Prodigy continue même depuis sa prison (il vient d’écoper d’une peine de prison de 3 ans et demi) de verser son oeuvre dans une terminologie hallucinatoire, de poser son phrasé de plus en plus rauque et inventif, le tout entouré de leucocytes pourris et de larmes de vie. Les paradoxes centraux de la personnalité de ce géniteur de poèmes brisés en font une figure incontournable de la scène rapologique d'aujourd'hui, de demain et d'hier. Il n'y a pas chez Pee de teintes fluorescentes ou de refrains R&B sirupeux, pas de baisse de tension au niveau du flow, rien que du son à géométrie tendue, des textes qui évoquent aussi bien le gouffre que la chatte et la weed, les AK-47 et la morphine, les nuages de coke et les fantômes du Queens qu'il aperçoit dans un miroir flou.

Relire notre interview de Prodigy : http://www.keepitfake.org/2007/03/itw-prodigy.html

Josey Wales.

nemanja, mercredi 10 juin 2009 |

Le double cd est réussi. bon choix. bon mix. c qui qu a mixé ?

Anonymous Anonyme | 15/06/2009 04:47  

Gero a mixé une grosse partie et les instigateurs du projets ont fait les interludes avec des bouts d'itw et des sons de Mobb Deep...

Anonymous Anonyme | 16/06/2009 09:57  

Un volume 2 est prévue pour la rentrée, je crois...

Anonymous Anonyme | 16/06/2009 09:58  

c est de la tuerie ce double cd de pee///
j avais bien aimé le project maysun de Insight.
on attend la suite, Ascetic c chaud.

Anonymous Anonyme | 28/06/2009 17:25  

www.HNIC2.COM

Anonymous Anonyme | 03/07/2009 18:57  

HAN OUI

Anonymous The R | 24/07/2009 23:00  

tu kiffes cette merde de QB, QU.

Anonymous Anonyme | 30/07/2009 05:38  

N'empêche, les versions démos du HNIC 2 performaient beaucoup plus que le produit final

Anonymous Gluo Facial | 31/07/2009 05:05  

C clair Gluo, ton blog sur ESTEVEZ est classe... REPO MA§N !! BREAKFAST CLUB... RESPECT///.77.

charlo

Anonymous Anonyme | 31/07/2009 18:01  

salutations à toi charlo
tous les désaxés savent où se rendre maintenant

Anonymous Prodigy>Havoc | 01/08/2009 04:10