UK BLOCKBUSTER. L’auteur de Boy in da Corner semble avoir conquis la presse française « spécialisée », qui l’a récemment félicité sur sa première création musicale. Dizzee Rascal captive... Quand on a 19 ans, qu’on déchire les beats avec aisance et qu’on rafle un Mercury Prize à la barbe du groupe Radiohead, ca se comprend un peu. Rencontre avec un jeune loup anglais.
Le succès de Boy in the corner en Angleterre est arrivé assez rapidement. Comment as-tu pris la chose ? Tu veux dire que je suis jeune et que c’est un peu la pression ? Ok. J’ai déjà eu la pression avec des trucs un peu plus hardcore que ca. J’ai grandi dans une cité avec des « fiévreux », des nerveux. East London… Des mecs qui peuvent te faire un trou dans le ventre si tu veux pas leur donner un bout de ton hot-dog tu vois ? Je m’en tape de ce truc de show business... J’ai été à la cérémonie du Mercury Prize complètement bourré, je m’en battais les couilles (rires).
Comment as-tu rencontré la jeune fille qui pose sur I love you ? J’ai fait ce morceau il y a 3 ans. J’étais en train de faire un beat et je suis sorti m’acheter un truc, un sandwich ou je ne sais plus... J’ai rencontré une nana et je lui ai demandé si elle voulait poser sur un morceau, je savais qu’elle avait déjà fait des trucs dans des sound systems, mais elle avait une voix qui me plaisait et je ne voulais pas faire de riddim ou de jungle. Je lui ai demandé de venir écouter mon son et ca lui a plus. On a écrit des paroles ensemble et elle a posé en une après-midi. Et voilà. Depuis je ne la revois plus trop. Elle a fait un ou deux concerts avec moi en Angleterre, je ne sais pas si je la reverrais, je m’en fous. On a fait un bon morceau.
Tu bosses sur quel matos ? On a souvent dis que tu avais fait des beats sur des logiciels de création musicale sur PlayStation 2… C’est des conneries, j’ai pas fait Boy in the corner sur PlayStation 2 (rires). Ce n’est pas la première fois qu’on me le dit. J’ai juste fait quelques trucs sur cette console avec des petits programmes marrants. J’aime bien les sons digitaux de certains jeux-vidéos, ça se ressent un peu dans ma musique, mais je bosse sur Cubase et sur Reason, ainsi que d’autres logiciels divers. En Angleterre, c’est un peu la mode en ce moment de bosser sa musique sur Play2. Moi je joue à la Play2, mais pour m’amuser. C’est à cela que ca sert. Quand je fais de la musique je m’amuse, mais j’ai envie de créer. Cela m’est déjà arrivé de trouver un son qui me plaisait sur Play2, de faire quelques arrangements et bidouillages. Peut-être un jour, si je tombe sur une bonne idée, je bosserais des trucs dessus, mais ça ne me branche pas plus que cela. Il ne faut jamais dire jamais, mais ça ne me botte pas.
Tu sembles détaché de la scène US, aussi bien au niveau des productions que de ta façon de rapper… J’ai toujours essayé de garder mon style, mon accent anglais. Et je ne suis pas prêt de changer. J’aime beaucoup certains mc’s et producteurs américains, mais je ne connais pas bien la musique des autres. J’apprécie des gens comme Jay-Z, Three Six Mafia, Ludacris, Snoop Dogg, par exemple… Je ne suis pas vraiment au courant de ce qui se fait en dehors de chez moi… Je suis un peu dans une bulle. Mais je commence à bouger, je viens de bosser avec Ludacris et Ashanti… Je viens de bosser avec plusieurs nouvelles pointures américaines. Mais je ne sais pas si ces projets vont se concrétiser, mais j’avance bien.
Ta carrière solo sans le Roll Deep Entourage et Wiley, c’est étrange… Ils t’ont pourtant vraiment épaulé jusqu’ici… Pourquoi donc ? Je ne bosse plus avec eux désormais, parce ce que les gens changent... J’ai passé de bons moments avec eux. Chacun poursuit sa route. Je pense que cela marchera bien pour Wiley, il a du talent. Je continue ma carrière en solo, je vais faire ce que je veux à 100% maintenant. Je voyage pas mal, avant-hier j’ai croisé Chingy dans un hôtel californien. Il a bien assuré avec son album là-bas… J’y ai tourné mon clip de Fix up Look Sharp, c’est pour la sortie du maxi. Le clip a été tourné par un français, il s’agit de Seb Janiak… La France, c’est cool, je reviendrais sûrement pour un concert en 2004. Je ne sais pas quand pour l’instant, mais je sais que je reviendrais ici pour faire un pur concert…