Edan

A une époque où les rappeurs semblent plus occupés à vendre des paires de baskets que leur dernier opus, le cas d'Edan pourrait faire figure de vaste potacherie dans une industrie multi-millionnaire.

Blanc à lunettes élevé en solitaire dans une banlieue de Washington, le jeune homme a plus le profil du rat de bibliothèque que du MC américain type. Pourtant peu dans le hip hop en 2005 peuvent se vanter d'avoir sorti un disque aussi créatif que le sien, avec une recette somme toute assez banale : faire du neuf avec de l'ancien.

Car le recyclage, Edan maîtrise. Obsédé par l'âge d'or du rap, il imite parfaitement au microphone les dictions de Rakim ou de Kool Keith, au grès de productions semblant issues tout droit d'un sampler millésimé 88, tout en y injectant une grosse dose d'humour dopé au non sens, comme si les Monty Pythons avaient trop regardé Yo! MTV Rap. Mais loin de pâle copier ses idôles dans une pure célébration nostalgique, l'auto proclamé «one man arsenal» (il réalise lui même ses sons, ses scratchs et ses pochettes) étonne au début des années 2000 avec une série de maxis drôles et efficaces, signe sur un label anglais, et finit par avoir un succès d'estime avec son premier album, «Primitive Plus», un hybride funky entre almanach Vermot et rimes élastiques.

Même si Edan semble enregistrer ses morceaux sous son lit (il aime s'apeller le «Quincy Jones du mauvais son») et abuse sur les références obscures, impossible de résister au sympatique foutoir qu'il crée dans un hip hop trop sérieux. Cependant son 2ème album, sorti cette année, vient mettre les choses au clair : hors de question de s'en tenir au rôle du bouffon de service. Ambitieux projet de rap psychédélique, «Beauty & The Beat» donne parfois l'impression que, dans un autre espace-temps, LL Cool J & Jimi Hendrix ont eu un enfant ensemble et que sa chambre était décorée par Dali. Son nom ? Edan, bien sûr.

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El Gyeah, mardi 24 mai 2005 |