dDAMAGE - RADIO APE

(Planet Mµ 2004)

Si keep it fake faisait des stickers à coller sur des cds, ils seraient très gros (au point de couvrir la couv) sans doute rose et noir, et représenteraient une sale face de nerd (bah un peu comme la tienne tient) se mangeant un énorme pain avec écrit en dessous "kiffe ça connard". Et puis c'est tout.

Et ce sticker, en ce moment même, s'il fallait le coller sur un seul cd, ce serait sur le Radio Ape de dDamage. Sorti sur Planet mµ le label de Mike Paradinas (qui héberge, entre autre, Venetian Snares, Luke Vibert et Capitol K) suite à un simple envois de courrier piégé à la démo, cet opus est une grosse baffe, que dis-je, une pluie de coups assénés méthodiquement. Car ceci n'est pas un disque anodin : pas question de le mettre en fond sonore pour lire un bon bouquin ou pour faire la vaisselle, cette musique vous prend, vous possède, s'incruste dans les moindres recoins de votre cerveau et ne vous lâche plus. Elle paralyse littéralement votre attention et fige définitivement l'instant où vous avez décidé d'appuyer sur le bouton play.

Il est déjà trop tard : vous êtes exposés à dose létale d'une musique génétiquement modifiée, à la croisée d'un hip hop mutant comme il sera courant d'en écouter en 2048, d'une pop de synthèse à haute teneur en mélancolie et d'une production assistée par des ordinateurs fous et désormais maîtres du monde.

Electronique ? Analogique ? Organique ? Notes jouées, re-samplées et déchiquetées par des maniaques psychotiques ? La ballistique de K.I.F. n'a pas encore pu déterminer la possible provenance d'un tel son, malgré des écoutes répétées et une analyse minitieuse des cadavres. A la fois dense, compact, et pourtant sans cesse en mouvement, lancinant, de bout en bout fascinant, le-dit son se compose de beats minutieusement brisés et de samples cut-uppés, la brutalité apparente de la «chose» laissant pourtant souvent place à la mélodie, toute aussi prenante. Pas la peine non plus de vouloir en tirer un tube, un track qui tuerait vos cellules grises plus sûrement qu'un autre, ce disque est un «tout», qui doit se prendre comme tel, d'une traite. Bref un bon coup de pied au cul à la soit disante scène électronique française qui, de la poussièreuse french touch à l'electronica poppy poussive, ne cesse de reproduire à l'infini des clichés musicaux. Prenez le mal ou prenez le bien, mais prenez le.

Tracklisiting :
[01]- PRESSURE
[02]- INTERLUDE
[03]- INSECTS ARE HUMAN
[04]- LIQUID WORDS
[05]- AEROPLANES
[06]- TRY AGAIN
[07]- KEEDZ
[08]- AGUEEV
[09]- INK
[10]- MAEBAN
[11]- I FEEL SO BADD
[12]- ON PRECINCT 13
[13]- TSUNAMIII

Webmonkeyshit :
www.planet-mu.com
www.ddamage.org

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El Gyeah, lundi 8 mars 2004 |