RZA

A l'instar de Dr Dre qui règne presque sans partage sur Los Angeles depuis plus de 10 ans, un homme pourrait se targuer d'être LE roi de New York : RZA (prononcez raïza, le rasoir), mc & metteur en son au sein du Wu Tang Clan, un des derniers beaux mythes de succès comme le hip hop américain aime s'en nourrir. Après s'être un peu dilué au fil du temps, l'homme clame que c'est l'heure de la « rzarection ». Ce qu'il tentera certainement de prouver ce vendredi 7 mai au lieu unique à Nantes…

Le cerveau dans l'affaire Wu, c'est lui. Quand en 1993, le gang, armé de katas empruntés aux shaolins et de beats menaçants, prit d'assaut l'industrie du rap pour la mettre à genoux, il était déjà trop tard pour réagir. La famille (3 cousins rappeurs et une bande de connaissances «sûres»), organisée autours de Robert Diggs alias the RZA, avait déjà sans doute tout prévu depuis le départ : râfler la mise en un single autoproduit (Protect Ya Neck) en restant 25 semaines d'affilées n°1 des charts hip hop et braquer les labels les uns après les autres, en clan ou en solo, mais presque toujours sur des plans musicalement conçus par ce lascard de Don Diggs, qui se nargue d'avoir fomenté tout ça à la va vite : quelques minutes seulement pour ses plus grands hits !

Il faut dire que sa formule magique cartonne systématiquement ; mixant samples minimalistes de soul 70's et bruitages de films cultes de kung fu, on reconnaît immédiatement sa touche crade et oppressante servant de décor à neuf mcs fous dérivant entre arts martiaux corrigés sauce Brooklyn, histoires mafieuses et images religieuses curieusement égotripées. En quelques années ils sortent du ghetto et prennent possession du monde, leur logo fleuri aux 4 coins du monde sur les sweats des ados fascinés et la tribu s'agrandit (le clan compterait des centaines de membres ). Leur deuxième album marque le point d'orgue de leur fulgurante carrière : double cd, mini-films d'actions à gros budget en guise de clips et marque de fringue à leur nom ; impossible de faire sans le Wu Tang.

Cypress Hill, Bjork, Tricky ne s'y trompent pas en faisant appel aux talents de producteur de RZA, même si la surproductivité le pousse parfois à utiliser des fonds de tiroirs pour contenter une clientèle accro. C'est via le cinéma qu'il retrouvera sa criminelle créativité, tout d'abord en s'imaginant super héros macho d'un film de blaxploitation fictif (Bobby Digital, dont la B.O. constitue son premier vrai LP solo), puis en travaillant avec Jim Jarmush sur la musique du film Ghost Dog (dans lequel il fait une courte apparition). Sûrement ses 2 derniers plus beaux coups en date.

Aujourd'hui RZA, en héros scorcesien, est en plein repenti, prêt à montrer qu'il est toujours le parrain et que ses ambitions ne l'ont pas rongé. Ca tombe bien, personne n'a envie de voir ce bon thriller s'achever en soap opéra.

RZA en concert le vendredi 7 mai avec Beretta 9, Cilvaringz & Dj Sueside au Lieu Unique, Nantes. Concert complet à 21h, concert suplémentaire à 18h.

Libellés :

El Gyeah, dimanche 2 mai 2004 |